Arable


 

Si tu demeures ferme, de la puissance de ton regard faisant croitre les racines en profondeur et en largeur 

rien ne pourra alors t'évincer en vertu non pas des racines mais de la puissance de ton regard qui scrute
Franz Kafka

Dans une langue poétique, ce monologue à deux voix est le récit de deux pays, deux langues, une histoire emmêlée. Le Maroc et la France. Deux actrices aux cheveux frisés, aux deux nationalités, racontent l'histoire d'une jeune femme née en France dans les années 1980 de parents marocains. Karima El Kharraze raconte son histoire, indissociable d’une histoire sociale française et sa mémoire. Avec pudeur et délicatesse, elle interroge les stigmates et les stéréotypes, “de la fille arabe sous couvre-feu à la beurette intégrée”, Karima El Kharraze met au centre une identité délaissée à la périphérie, spatiale et sociale. Arable remue les profondeurs de la terre pour découvrir les racines, laisser éclore les boutures et “invoquer les possibles qui rendent fertiles le présent”.

 

Durée : 1h05

Texte et mise en scène : Karima El Kharraze

Avec Mouna Belghali et Estelle Lesage
Scénographie : Garance Coquart et Jonathan Debrouwer
Création lumières et régie générale : Laïs Foulc

Création sonore : Vincent Lendower

Costumes : Pauline Zurini
Régie : Philippe Bocage

 

Ce texte a reçu l'aide à la création du Centre National du Théâtre.
Production A Bout Portant et le Collectif 12, en partenariat avec le Théâtre Eurydice.
Avec le soutien du Conseil Général des Yvelines, de la DRAC IDF et d'ARCADI dans le cadre des plateaux solidaires.

 

 

 

“Arable est né d’une envie de s’intéresser à l’émergence de la figure du beur dans l’espace public français dans les années 1980”, lorsque débute la médiatisation du “mal des banlieues”, que s’élance la marche des Beurs (1983) et se badge “Touche pas à mon pote”. Le parcours de Karima El Kharraze, irréductible au destin des “enfants d’immigrés”, s’autorise un “je” scindé en deux corps, une mémoire en mouvement entre deux histoires. Et cela passe par le rapport à la langue. L’une parle arabe, l’autre français, le sujet est le même et pourtant “les identités sont aussi forgées par les langues dans lesquelles nous les exprimons”. Il y a là le lien et la rupture, la langue domestique, “vecteur d’une poésie rugueuse qui résiste à toute assimilation”, confrontée à la “langue de la littérature et de la subjectivité”. “La théâtralité singulière de ce texte tient à l’alternance entre élan lyrique et éléments dramatiques, ce qui permet de créer une friction entre des temporalités, des langues et des lieux différents.”

 

Karima El Kharraze met en scène Estelle Lesage la française et Mouna Belghali la marocaine, incarnent à travers leurs cheveux frisés, leur (sa) féminité et portent le texte avec leurs traditions de jeu différentes : l’oralité et l’incarnation directe pour Mouna formée à Rabat, les textes non dramatiques et la distanciation pour Estelle qui travaille notamment avec le T.O.C. Sur les musiques du mythique Nass El Ghiwane et les compositions du pianiste Vincent Lendower, les actrices, narratrices et commentatrices de l’histoire, créent leur espace de parole : “J’ai conçu Arable comme un texte qui met la périphérie au centre. Je raconte toutes les histoires à partir d’un point de vue qui se construit dans ces territoires-là, que ce soit la cité française ou le douar marocain. […] Je n’ai cessé de penser à ces sanctuaires ruraux que j’ai beaucoup visités enfant. Ces lieux ouverts aux quatre vents sont souvent investis par les femmes comme lieux de réunion où la parole se libère.” Par le projecteur de diapositives, la mémoire familiale et scolaire resurgit et les espaces-temps se superposent, ainsi que l'histoire autobiographique et collective, mettant en perspective l’ambiguïté des relations entre ces deux pays.

  

 

Ils ont accueilli Arable : 

le Collectif 12 à Mantes-la-Jolie

Théâtre Eurydice à Plaisir

Le Vent se Lève à Paris

La Parole Errante à Montreuil

Le Colombier à Bagnolet

Scène nationale Evreux-Louviers

Instituts Français de Casablanca, Fès, Marrakech et Agadir

Centre Culturel Les Etoiles de Sidi Moumen à Casablanca

Théâtre Dijon-Bourgogne

Maison d'arrêt de Bois d'Arcy